Nous vous avions annoncé l’année dernière que notre association se donnait enfin les moyens de proposer une série de stages en présentiel car nous souhaitions transmettre notre savoir-faire et savoir-être d’analystes psycho-organiques ; c’est ce que nous avons commencé à faire avec ce que nous avons appelé « transmission des fondamentaux de l’APO.
Aussitôt dit, aussitôt fait !
Le premier stage a débuté en février 2022 ; la première partie s’est déroulée sur 7 mois, à raison d’un WE par mois, de février à octobre, avec une interruption pendant l’été, afin de laisser à chacun le temps du repos des vacances, en famille ou entre amis.
Nous avons choisi d’être deux, Frédéric notre trésorier et moi-même, pour animer chaque WE, afin de privilégier autant notre sécurité que notre créativité, et nous permettre de construire petit à petit un programme très ancré dans le corps, de donner beaucoup de place
– au ressenti vécu in situ, par le biais d’expérientiels bien dosés,
– à la prise de conscience et au feed-back du vécu personnel et professionnel, de chacun des participants jour après jour.
Ce fut très enrichissant et très transformationnel, autant pour les 4 participantes que pour les 2 animateurs que nous étions et dont c’était la première expérience de ce type. La mise en commun de notre cursus EFAPO nous a permis de voir à quel point une formation est évolutive dans sa forme autant que dans le fond, puisque Fred et moi avions fait celle-ci à plus de 10 ans d’écart.
Nous nous sommes appliqués à poser côte à côte nos deux bagages psycho-organiques ; cela nous a donné un travail passionnant d’analyse, de recherche et de construction pour trouver comment les « alchimiser » afin d’en faire un savoir cohérent et donc transmissible.
Nous sommes donc heureux et fiers de pouvoir vous annoncer que notre association a donc maintenant à son actif le fond et la forme d’un module de formation en APO prêt à fonctionner.
A l’automne dernier, nous avions prévu de commencer le deuxième stage, à partir de janvier ou février 2023 et devant se dérouler sur 7 mois lui aussi. Mais nous nous sommes très vite heurtés à une difficulté que nous n’avions pas pu ou su prévoir.
Démarrer ce deuxième « stage de première année » semble donc à ce jour beaucoup plus compliqué que l’année dernière, avec une grande incertitude concernant sa date de démarrage et son timing.
En effet, j’ai l’impression que notre association subit de plein fouet le mouvement de « déconstruction » que les changements profonds de notre société font vivre aux modes de vie et aux relations sociales qui étaient les nôtres il y a encore 2 ans.
Nous venons de traverser une période, entre mars 2020 et l’automne 2022, qui nous a vu peu à peu devenir stupéfaits, stupéfiés, ahuris, déboussolés, sidérés, abrutis…et que sais-je encore, tellement nous entendions tout et son contraire, puisqu’on est allé jusqu’à nous demander de vilipender et stigmatiser celles et ceux qu’on encensait et applaudissait encore la veille au soir à 20H.
Ce fut pour moi et un nombre considérable de gens un vrai chambardement ; force fut de constater qu’une forme de chaos était de retour.
Le confinement a donné des habitudes à nos concitoyens qu’ils ne semblent pas prêts de vouloir ou pouvoir quitter. L’immobilité obligée, infligée à tous pendant le confinement et qui a continué pendant les nombreux mois où nos déplacements ont été limités et contrariés, s’est transformée peu à peu en une sorte d’immobilisme dans lequel chacun s’est habitué à se restreindre, à se contraindre, et à se contenter de ce qu’on lui apporte à domicile, via le virtuel et internet, ce qu’autrefois il allait chercher en se déplaçant et en allant à la rencontre des autres.
L’e-commerce a explosé, les offres d’e-formation et de « e-quelque chose » de toutes sortes également ; le droit à la paresse a même été formulé.
Nous avons reçu des demandes de renseignements pour suivre notre formation, mais à chaque fois la personne a reculé et renoncé quand elle a compris qu’elle devait se déplacer.
La mode des tutos et autres formats courts d’apprentissage, les séquences de cours magistraux qui ne dépassent pas une heure et demi, ont biaisé la prise en compte des personnes de leurs besoins réels, pour donner l’avantage aux offres favorisant la facilité d’utilisation.
Je suis persuadée que cela débouchera à terme sur une insatisfaction plus ou moins vite ressentie et le constat de l’impossibilité de se former sérieusement de cette façon.
En attendant, nous avons à faire avec ça.
Ce qui est certain c’est que notre transmission ne peut pas se faire par des conférences, via un tchat ou la Visio, comme de nombreux thérapeutes et coachs le proposent déjà maintenant.
C’est pourquoi je crains qu’à terme nous devions chercher comment transformer notre offre tout en restant des transmetteurs de savoirs et de connaissances, sérieux et crédibles.
Le mot de déconstruction est maintenant couramment employé dans les discours politiques et articles médiatiques, de nos jours, sans que personne ne s’inquiète qu’on ne leur propose rien à mettre à la place.
Il devient mal vu, même interdit d’utiliser certains termes ou d’énoncer certaines idées, sous peine d’être accusé sans pouvoir se défendre. Le Wokisme se répand et tente de bloquer l’esprit de ceux qui réfléchissent, qui cherchent à faire part de pistes de réflexion alternatives.
Je constate une montée en puissance de la volonté de nous obliger à nous conformer à la seule « pensée autorisée » de quelques-uns, ceux qui s’emploient à nous imposer de ne plus appeler un chat un chat.
Ce qui est à l’œuvre a un nom : la perversion. Malheureusement, elle s’étale là où fleurit la manipulation qui met la victime en position d’accusé.
Hannah Arendt nous avait mis en garde quand elle affirmait que « le mal est dans le vide de la pensée ».
Je vais donc ici réaffirmer ma confiance en l’humain, ma foi dans le travail d’écoute de la souffrance de nos patients que nous faisons chaque jour dans nos cabinets, mon désir de pouvoir continuer à transmettre les savoirs et les connaissances acquises au fil des années grâce à nos expériences professionnelles, et ma conviction forte et déterminée de rester confiante dans le devenir de notre association toujours debout et vaillante, malgré les obstacles.
Je retiens ce que Carl Jung nous a enseigné : ce que tu nies te soumet, ce que tu acceptes te transforme.
Le temps de la transformation est donc arrivé.
Nous allons la mettre en œuvre, et la réussir.
Fait à Auvillar, le 22 février 2023,
Marie-Dominique Terrot